vendredi 24 avril 2020

Si ce sont six cous qu'on coupe, sont-ce six coccinelles qu'on occis ?

« Souvent, pour s’amuser, les gens à la campagne, 
Prennent des coccinelles, charmantes compagnes…
Se servant de nos doigts comme mâts de cocagne,
Leurs ailes s’ouvrent sur ces drôles de montagnes.»
« Coccinelle, demoiselle, Bête à bon Dieu.
Coccinelle, demoiselle, Vole jusqu'aux cieux
 ».

Enfin une bestiole qui fait l’unanimité ! Tout le monde connait et aime la coccinelle. Il faut dire qu’elle a tout pour elle. Sa rigolote forme arrondie qui a inspirée la silhouette d’une voiture sympa, sa jolie couleur rouge ponctuée de points noirs. Elle ne pique pas comme les guêpes, elles n’a pas de grandes pattes répugnantes comme un mannequin anorexique, elle ne fait pas de dégâts dans les cultures comme les sangliers, elle ne roule pas comme une folle au volant de sa belle voiture pour épater ses voisins. (Vous voyez qui je veux dire ?) Au contraire ; la coccinelle se rend même très utile en étant une croqueuse acharnée de pucerons et quand elle s’envole, c’est vers le bon Dieu!

La légende dit qu’un condamné à avoir la tête tranchée clamait son innocence. Le bourreau essaya en vain à plusieurs reprises d’enlever une coccinelle qui se reposait toujours sur le cou de l’homme. Voyant là un signe divin, on le gracia et le véritable coupable fût arrêté. L’histoire ne dit pas ce qu’il se serait passé s’il c’était s’agit d’un moustique ou d’une puce. Depuis, en France, on appelle la coccinelle la « bête à bon Dieu » et elle est un porte-bonheur. Bref, ça gaze au pays de la coccinelle. Euh, presque…
Tout le monde pense qu’une coccinelle ayant deux points sur les ailes a deux ans, une qui a quatre points a quatre ans etc. Pourtant, c’est faux. Et quand elle a 24 points, elle à 24 ans ? Et si les points sont blancs, jaunes, en damier, en zigzag ? Ça devient le bazar. Donc… ça nous intéresse.
La coccinelle étant petite, chaussons nos bésicles et allons au jardin voir de plus près.
Nous trouvons la première. C’est celle à sept points. Normal, c’est la plus commune. Rouge sauf la tête noire, elle possède 7 points noirs toujours disposés de la même façon : 3 sur chaque élytre et un derrière la tête. Quel que soit son âge, elle aura toujours sept points. La deuxième que nous trouvons ne possède que deux points. Un sur chaque élytre. C’est la coccinelle…à deux points. Elle aussi aura toujours le même nombre de points. Normalement… 
Car sa couleur peut énormément varier et on la retrouve parfois avec des tâches rouge sur fond noir ! Tout pour nous embêter. La suivante est jaune. Comment s’y retrouver ?
Car ce sont 62 espèces qui vivent dans le Maine-et-Loire (certaines quasiment dans la clandestinité)! 
D’autres sont probablement encore à découvrir. Bel exemple de diversité.
Un atlas publié par les Naturalistes Angevins décrit ces 62 espèces de coccinelles, vous pouvez le trouver à cette adresse : naturalistesangevins.free.frCet atlas de donne pas de clé permettant l’identification des coccinelles. Pourtant certaines se ressemblent comme deux gouttes d’eau. 


Vous trouverez cette clé dans un autre atlas celui des coccinelles de la Manche (2003). Comme disait mon grand-père, « il faut toujours avoir l’atlas de la Manche dans la poche ».
Oublions donc l’identification et résumons : Les coccinelles sont des insectes de l’ordre des coléoptères (ne pas confondre avec les hélicoptères qui n’ont pas d’ailes mais des rotors). Les insectes ont six pattes. Donc, les araignées qui ont huit pattes ne sont pas des insectes mais des arachnides. (Ça n’a rien à voir mais autant le savoir pour Questions pour un couillon). Les coléoptères ont des ailes souples qui sont protégées par des petites carapaces plus solides : les élytres. (Ça, c’est si le jeu des 1000 blaireaux passe à La Varenne).
Pour avoir des bébés coccinelles il faut une maman et un papa coccinelle (chez les escargots, on s’embête moins que ça). Au printemps le mâle (papa) et la femelle (maman) s’accouplent. Le mâle est plus petit que la femelle (Chez les crapauds c’est pareil même si ça n’a rien à voir). La femelle dépose ses 100 à 400 œufs sous des feuilles de plantes envahies de pucerons. Elle en pondra 1000 dans toute sa vie qui dure deux-trois ans. Les larves sortent au bout de sept jours et chacune va dévorer jusqu’à 150 pucerons par jour pendant son développement (trois semaines). Ce sont donc surtout les jeunes coccinelles qui détruisent les pucerons. Bien plus que les adultes (100 pucerons par jour en moyenne quand même). Les jeunes plus productifs que les adultes ? Il faudrait étudier le régime des retraites des coccinelles.
La larve coccinelle devient nymphe. La nymphe devient adulte. En cinq semaines environ le cycle est complet.

Lors des périodes défavorables : chaleur, plus de pucerons ; elles s’envolent et migrent vers la moyenne montagne en suivant les courants ascendants (comme les vautours même si ça n’a rien à voir). A l’automne, elles se mettent à l’abri sous des écorces, des pierres et hibernent pendant l’hiver en rêvant (peut-être) au printemps (comme les ours même si ça n’a rien à voir…). Certaines espèces rentrent dans les maisons pour l’hiver mais nous verrons ça plus tard. 

La coccinelle est donc une excellente alliée du jardinier biologique (certaines détruisent aussi les cochenilles). C’est la raison pour laquelle on peut acheter ces jolies collaboratrices dans les magasins spécialisés sous forme de larves ou d’adultes. 
Un ami, connaisseur de coccinelles et amateur de vins me signale pourtant que certaines coccinelles importées d’Asie, représentent maintenant une menace pour les vignobles !
Louisa Bricot