La richesse du patrimoine naturel de la commune d'Orée d'Anjou n’est plus à démontrer. Certains de ses milieux servent de zone refuge pour de nombreuses espèces.
Des animaux peuvent se targuer d’être (presque) spécifiques à notre commune même si leur discrétion les rend parfois difficilement observables.
La chevêche, la genette, l’œdicnème criard (hé oui, certains noms semblent bien barbares!), et même la rare cigogne noire sans parler du castor peuvent être observés sur la commune.
Certains vivent à demeure,
d’autres ne font que passer, des «petits nouveaux» semblent
vouloir s’installer alors que d’autres se font de plus en plus
rares.
C’est justement de l’un de ces
animaux autrefois communs et qui semble se raréfier dont nous
voulons vous parler et solliciter votre participation pour mieux
connaître sa répartition sur Orée d'Anjou et les communes
limitrophes.
Un animal à l’allure bien
sympathique mais qui parfois pose certains problèmes !
Il mesure en moyenne 25 cm (queue
comprise), pèse 70g (le poids d’une tablette de chocolat une fois
que notre loustic en a mangé quelques carrés), il est gris dessus,
blanc sale dessous, possède de grandes oreilles bien visibles, une
queue assez longue avec, à l’extrémité, une touffe de poils
noirs et blancs. Pas d’idée? Encore un indice: Notre bestiole a un
bandeau noir qui part du museau vers les oreilles en couvrant les
yeux ce qui lui donne l’air d’un voleur style Rapetou.
C’est vrai, comme c’est un rongeur, on le confond souvent à tort avec le Loir (très, très rare dans le 49) et même parfois avec le rat (mais là il faut être un peu myope ou de mauvaise foi). Le rat est beaucoup plus gros. Il s’agit en fait du LÉROT !
Il lui faut des boisements pour vivre et donc les haies, les jardins avec des arbres lui conviennent parfaitement. Des cavités et endroits tranquilles (arbres creux, cabanes, greniers, nichoirs lui serviront d’abris). Très leste et rapide, il grimpe à la verticale sur n’importe quel mur et repart aussi vite en s’accrochant dos en bas le long d’une poutre. C’est un artiste dans son genre. Et un artiste gourmand.
Si l’été il se nourrit principalement d’insectes et de larves, il ADORE tous les fruits avec la fâcheuse habitude d’en goutter plusieurs avant de choisir celui qui lui convient. Il se délecte aussi de graines, de noisettes, de glands et de bourgeons au printemps.
Il s’attaque aux œufs et petits oisillons dans les nids mais aussi aux souris et autres petits animaux. Par exemple, dans un grenier à La Varenne, les souris étaient absentes tant qu’il y avait des lérots. A la disparition de ceux-ci, ce sont les souris qui se sont installées, causant beaucoup de dégâts.
Le lérot hiberne et ingurgite de grosses
quantités de nourriture avant de s’endormir afin de constituer des
réserves de graisse. Pour tout dire il aime à peu près tout y
compris les légumes, le pain, le jambon...
A partir de novembre il entre en
hibernation. En fait il s’endort dès que la température est
en-dessous de 12° plusieurs jours de suite. Il dort si profondément
que l’auteur de cet article a eu l’occasion d’en observer un
dans le tiroir d’une commode sur un vide-grenier à Oudon. Ni la
descente de la commode du grenier, ni le transport, ni l’installation
sur le stand n’avait réussi à réveiller le petit animal bien au
chaud dans de vieux tissus,journaux et mousses. Une véritable
attraction mais le réveil fut rude !
Si un trou de mur ou un appentis lui suffisent pour passer l’hiver, il peut donc aussi rentrer dans votre grenier. Tant que vous n’avez pas de nourriture entreposée, pas trop de risques mais si vous avez une isolation comme de la laine de verre, le lérot va se faire un plaisir d’y creuser quelques galeries. Bien entendu un peu d’aération ne fait de mal à personne mais ce n’est pas vraiment ce que l’on souhaite.
Cependant pas de panique, les chats,
chouettes et fouines visitent vergers et jardins et s’attaquent aux
lérots et limitent leurs populations. Un autre animal les ADORE,
c’est la genette. Et Orée d'Anjou, (surtout les communes de bord
de Loire) a la chance d’abriter cet extraordinaire mammifère sur
son territoire. Nous parlerons d'ailleurs une autre fois de la
genette si discrète que beaucoup ignorent à quoi elle ressemble et
qu’elle fréquente les coteaux des cours d'eaux et de la Loire.
En avril-mai si le grenier se trouve
au-dessus de votre tête vous risquez de mal dormir. La saison des
amours commence et les cavalcades et disputes sont telles qu’on
croirait que les voisins du dessus font la java !
Un peu avant l'été, la mère lérot
donne naissance à 5-6 petits. En général ils sont élevés là où
s’est passé l’hibernation. Un mois et demi plus tard toute la
famille en vadrouille, court le long des branches ou arpente les
murs. Le soir (le lérot est nocturne), observez à l’aide d’une
lampe les arbres et arbustes fruitiers (y compris sauvages). Vous
verrez peut-être de jeunes lérots.
Mais ce sacripant bien présent sur
Orée d'Anjou il y a quelques année, semble en raréfaction dans le
coin sans qu’on en connaisse les causes. D'après nos données, le
lérot a été signalé pour la dernière fois en 1989 sur la commune
de La Varenne. 2014 à Champtoceaux et St laurent-des-Autels, 2008 et
2011 à Drain, 1984 à Liré. Il n'a jamais été noté jusqu'à
présent à Bouzillé, Landemont, St-Sauveur-de-Landemont,
St-Christophe-la-Couperie. S’il se raréfie, cela ne veut pas dire
qu’il a disparu.
Comme chaque animal, le lérot joue
son rôle dans l'équilibre écologique (il a notamment un grand rôle
dans la régénération des forêts dévastées par les incendies).
Chassé, piégé et exterminé comme la plupart des rongeurs il est
devenu aujourd'hui espèce vulnérable. A ce titre il
bénéficie d'une protection légale européenne (annexe III de la
Convention de Berne : protection de tous les Gliridae : loirs,
lérots, muscardins…mars 2000).
Vous pouvez participer à la recherche
et à la (re)découverte du Lérot en nous transmettant vos
observations. Regardez bien les proies que ramènent vos
chats, vérifiez les pièges et autres tapettes que vous placez pour
les souris et autres rongeurs. Au printemps et début été regardez
à la lampe les arbres et arbustes à fruits à la tombée de la
nuit, en avril-mai si vous entendez des bruits bizarres dans votre
grenier posez un piège qui permet de le relâcher (cage métallique).
A partir d'octobre-novembre
surveillez les coins et recoins les plus douillets et les plus
discrets de vos caves, greniers, remises etc. Toutes vos observations
seront transmises avec votre nom (sauf spécification de votre part)
aux Naturalistes Angevins qui coordonnent actuellement un atlas des
mammifères du Maine-et-Loire.
Photos : François Cudennec, Didier Faux, Benjamin Même-Lafond