(Crédit photos: Blandine Black-Dayjeun)
Les «fake news» ou, en français, les nouvelles truquées lancées volontairement pour nuire à des organismes ou particuliers ont-elles atteint La Varenne?
C'est ce que nous nous sommes demandé après avoir entendu que des inconnus seraient logés par la mairie dans des bâtiments municipaux. N'écoutant que notre courage, nous avons enquêté aussi bien de jour que de nuit et par tous les temps, au risque de nous enrhumer afin d'éclaircir ce scandale.
Le gros avantage de ces fausses nouvelles, c'est qu'au lieu d'être relayées par le Net, elles circulaient à La Varenne par des moyens de communication plus traditionnels, à savoir principalement dans les caves, à La Varennaise et dans tous les lieux ou l'on peut déguster des produits locaux solides ou liquides. Ce qui nous a évité de nous abrutir face à un écran d'ordinateur et permis de faire des rencontres sympathiques.
La première rumeur (il s'agit en effet de rumeur et non pas de fake news, puisqu'il n'y a pas eu volonté de nuire à qui que ce soit), évoquait un couple qui serait hébergé dans l'église.
En 2015 un nichoir à chouette avait été installé dans le clocher (la tour) de l'église à la suite d'une proposition de bénévoles et avec l'accord de la mairie. Le principe consiste en une caisse ayant une ouverture sur l’extérieur de l’église pour que la chouette puisse entrer. La caisse, elle-même occulte le reste de l’ouverture empêchant ainsi toute intrusion dans le clocher et donc toutes salissures. En échange de ce T2 (comprenant couloir et chambre de reproduction), la future locataire s’engageait à boulotter les petits rongeurs des environs.
Et bien, depuis peu ce sont deux locataires qui occupent ce logement. A défaut de chouette, c'est un couple de faucons crécerelle qui s'est installé. Dès le mois de février, ils faisaient des aller-retour devant l'entrée du nichoir et au-dessus du parc du château. Les visites furent de plus en plus nombreuses au fil des semaines. Et pas mal de bagarres eurent lieu entre les crécerelles (le mâle surtout se montrait hargneux) et des choucas (un genre de petites corneilles) qui voulaient aussi profiter de ce beau logement et avaient même commencés à s'installer.
On est donc bien loin d'une attribution gratuite d'habitation puisque, comme les chouettes, les crécerelles se nourrissent de rongeurs, (souris, campagnols) et que le couple présent s'est engagé auprès de la mairie à mettre les becquées doubles en échange de l'hébergement. D'ailleurs, depuis que la femelle couve, le mâle lui apporte régulièrement des rongeurs bien gras, qu'elle déguste en-dehors de la cavité. Observez l'évolution de leur nichée en vous postant tranquillement face à la tour et vous verrez peut-être bientôt des jeunes sur le rebord vous observer... comme vous les observez.
Finalement, ce sont 5 jeunes qui se sont envolés du clocher le 5 juillet (pour voir les photos et vidéos, cliquez sur la photo de la femelle devant l'entrée de son logement)
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La deuxième rumeur parlait d'un plan d'eau municipal mis à la disposition d'amateurs de baignades nocturnes. De nuit pour plus de prudence, avec lampe frontale et tenue de camouflage, nous sommes allés tirer ça au clair.
Constatations : Il y avait bien un groupe, qui se baignait et chantait la nuit de façon assez peu discrète mais sur un terrain privé et pas communal. Le propriétaire mis au courant de l'installation de cette tribu aquatique sur ses terres n'y a vu aucun inconvénient, constatant qu'une propreté parfaite régnait et jugeant que les occupants étaient nettement moins bruyants que ses voisins, l'été, entre apéros-barbecue et karaokés sonorisés.
Nous avons réussi à établir le dialogue avec ces mystérieux barboteurs. Leurs chants, bien qu'harmonieux, nous était incompréhensibles. Heureusement, tout à fait par hasard, se trouvait avec nous, un spécialiste des amphibiens qui se rendit vite compte que nous avions affaire à une famille de crapauds calamites. Ce crapaud, plus petit que celui qu'on trouve dans nos jardins, est inconnu dans les Mauges. Que faisaient là ces 23 individus (nous les avons comptés discrètement)? Nous n'avons pas réussi à obtenir d'explication certaine. Nous avons compris qu'à l'époque où l'actuel plan d'eau d'Oudon était une carrière de sable abandonnée, une population de calamites vivait là-bas. Avec la transformation en plan d'eau, les calamites se sont vus expulsés de leur milieu. Depuis, environ une trentaine d'années, on était sans nouvelles d'eux. Sont-ce quelques survivants et descendants qui viennent de s'installer à La Varenne ? Sont-ils sur ce site depuis cette époque ? On aurait pu le savoir si des naturalistes avaient fait leur boulot correctement et prospecté ce secteur depuis longtemps. Hélas, les naturalistes sont comme vous et moi, parfois de sacrés flemmards !
Mâle exhibant le sac vocal gonflé sous la gorge
En tout cas, nous fûmes bien accueillis. Les calamites ne supportant pas l'eau trouble, c'est à travers une eau limpide filtrée par le sable que nous avons pu observer des mâles chanteurs gonflant leur énorme poche sous la gorge qui leur sert de caisse de résonance, des individus nageant ou se prélassant et, sans aucune gêne des partenaires, occupés à des accouplements torrides (pour les crapauds ça consiste à rester des heures soudés l'un à l'autre sans bouger autre chose que, parfois, mollement un bout de patte). Bien entendu nous réservons ces photos aux adultes qui nous en feraient la demande.
Une grande fierté donc pour notre commune qui peut se targuer d'être seulement la deuxième cette année où une nouvelle station de calamites à été trouvée sur tout le Maine-et-Loire !
Jac Sept